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Et l’on se retournait vers nous en promenade,
Et les oiseaux, perchés sur des rameaux dormants,
Adoucissaient dans l’air du soir leur sérénade,
Voyant la mère heureuse et les enfants charmants !…


II



Elles avaient grandi belles, rieuses, fraîches
Sous leurs longs cheveux blonds flottant comme un drapeau,
Et sur leur joue en fleur tel qu’un duvet de pêches
Un sang rose et vermeil frémissait sous la peau.

Dans leur grands cols brodés et leurs fines guipures
Comme en un cadre étroit, leur profil aminci
Se détachait, pareil à ces têtes si pures
Que met dans ses tableaux Léonard de Vinci.

Tout riait, tout chantait, tout s’ouvrait devant elles,
Et déjà leurs parents rêvaient du jour béni
Où dans le chaste élan des amours immortelles
Elles s’envoleraient aussi pour faire leu nid.