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Et n’osaient pas bouger, craignant de faire peine
Au lecteur susceptible assis au milieu d’eux.
Quand l’enfant terminait, il disait à tous deux. :
« Pourquoi ne pas venir, vous autres, à l’école ?…
Moi, je veux vous apprendre à lire !… » Une auréole,
Descendait de la lampe attachée au plafond
Sur l’enfant qui, naïf, venait d’être profond,
Et la mère riait : « Donne-moi des lunettes !…
« Car ces lettres vraiment sont pour moi trop peu nettes ;
« Ils vieillissent, nos yeux !… »

                                                 Mais l’enfant s’obstinait.
« C’est bien simple, épelons d’abord… » Puis il prenait
La grosse main du père et le forçait à suivre
Pour redire après lui les syllabes du livre.

O le petit apôtre et le maître charmant !
Ce n’était pas toujours ses parents seulement
Qu’il s’efforçait d’instruire en sa candeur naïve,
Mais partout s’étendait sa sainte tentative : .
Écrivant, — sans jamais accepter de profits, —
Les lettres que dictaient les mères pour leurs fils,
Conscrits que l’indigence obligeait au service ;
Traduisant aux voisins, pour leur rendre service,
Devant les bâtiments publics ou les marchés,