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X

Combien de souvenirs anciens, combien de choses
Se dédorent en nous aux limbes de l’oubli ;
Le missel ne sait plus la page où fut le pli,
Le jardin ne sait plus où sont mortes les roses.
Combien de souvenirs qui sont des pastels nus,
Portraits évaporés dont se brisa le verre,
Nous étant maintenant comme des inconnus
Où la mort du couchant seule se réverbère…
Combien de souvenirs, mais si vite oubliés !
La rivière bientôt dilue en son eau triste
Le reflet balancé des heureux peupliers.
Ah ! Comme tout s’en va ! Comme rien ne persiste !