Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/181

Cette page n’a pas encore été corrigée

Chimère de vouloir être au rang des apôtres
Que le peuple louange et met sur des pavois,
Sans délayer son âme et délayer sa voix.
Mais si totalement qu’en soi-même on abdique
Pour se garder du moins une âme véridique,
Si débile qu’on semble et si distant qu’on soit,
Peut-être qu’on exerce un pouvoir malgré soi,
Car la force souvent est bénigne et se laisse
Conduire ou mitiger par la toute-faiblesse.
Ainsi la lune, à son insu, du haut de l’air,
Toute loin qu’elle soit du tumulte des houles,
Attire avec ses yeux la douleur de la mer…
Mon âme, sois ce clair de lune sur les foules..