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VI

Les rêves sont les clés pour sortir de nous-même,
Pour déjà se créer une autre vie, un ciel
Où l’âme n’ait plus rien retenu du réel
Que les choses selon sa nuance et qu’elle aime :
Des cloches effeuillant leurs lourds pétales noirs
Dans l’âme qui s’allonge en canaux de silence,
Et des cygnes parés comme des reposoirs.
Ah ! Toute cette vie, en moi, qui recommence,
Une vie idéale en des décors élus
Où tous les jours pareils ont des airs de dimanches,
Une vie extatique où ne cheminent plus
Que des rêves, vêtus de mousselines blanches…