Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

Là-bas, toujours la même apparence d’automne
Parmi ces meubles vieux, ces cadres dédorés,
Ces miroirs d’eau souffrante où la clarté tâtonne,
— Vieilles filles sans joie aux gestes timorés,
Vieilles filles, le front collé contre la vitre !
Vitre provinciale, écran mort et fermé
Où ne s’ébauche rien qu’un passage de mitre
Quand la procession sort un dimanche, en mai !
C’est la vie anonyme ! Oh ! Morne et désolée,
Dans ces chambres, sans même un bonheur anodin…
Et les rideaux tombants de guipure gelée
Sont comme un immuable et glacial jardin.