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LES FEMMES EN MANTE


On se revoit l’enfant qu’on fut
Et qui écoutait
Les lointains angélus,
Et qui regardait
L’eau que les reflets ont nacrée
Et les bateaux que nulle aventure ne grée.




A-t-on été cet enfant que voilà ?
Silencieuse et triste enfance
Qui jamais ne rit ;
Enfant trop pâle et qui s’étiola
Derrière les vitres, comme à l’infirmerie !




Enfant trop pâle et trop de connivence
Avec les cloches
Dont le chant morne en lui continuait ;
Avec les cygnes
Tristes et blancs, comme une fin de noce ;
Avec les nuées
Qui l’emmenaient dans un départ de mousseline…