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LES FEMMES EN MANTE


Les vieilles maisons sans âge
Sont à genoux sur l’eau,
Comme sur un tombeau.
Est-ce un pèlerinage ?




L’eau coule un peu sous les arches
Des vieux ponts ;
On dirait une foule qui se met en marche
Vers l’horizon.




Les vieilles maisons ambiantes
Ont un aspect humain ;
Ne sont-ce pas des mendiantes
Au bord du chemin ?




Et le silencieux cortège s’achemine
Vers quelle Grotte ou quelle Vierge ?
On voit briller les cygnes
Comme des reposoirs de cierges.