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LES FEMMES EN MANTE


Les maisons restent prosternées,
Ville entrée en religion ;
Pour quels chagrins ou quels griefs ?
Pour avoir vu mourir quels rayons
Ou se rompre quel hyménée ?
Pour avoir subi quel déclin,
Quelle chute du haut de la gloire,
Pour être veuve avec quels orphelins,
Pour s’être vue en deuil dans quels miroirs ?
Ah ! comme le destin est rapide à changer,
Ruine immédiate et déjà quotidienne
Qui lui fit tout de suite, en ce temps-là, songer :
« Est-il une douleur comparable à la mienne ? »




Ô mélancoliques maisons,
Maintenant sans mémoire,
Qui ont cessé de regarder les horizons !




Naguère elles étaient des reines,
Avec un luxe en fleur de pierres ciselées ;
Voici qu’elles ont