Page:Rodenbach - Le Miroir du ciel natal, 1898.djvu/219

Cette page n’a pas encore été corrigée


Oh ! les cierges, brûlure et pâleur ! oh ! les cires
Qui sur les chandeliers des églises expient
Et compensent le mal avec leurs flammes pies ;
Cires de qui l’orgueil est d’être des martyres !

Le crépuscule a su vos sanglantes délices,
Ô cierges, ayant l’air, dans l’air qui s’est ému,
De roseaux écorchés dont la moelle est à nu ;
Ah ! cette volupté d’augmenter son supplice !

Tous les cierges, au loin, rouvrent leurs cicatrices,
Cierges stigmatisés, au sang toujours docile
Pour laver les péchés mieux que jeûne et vigile ;
Dieu ! Que plus rien ne saigne et que l’ombre guérisse !

C’est chaque fois comme une plaie aux pieds, aux mains !
Comme une Passion du Christ qui recommence ;
Or le cierge pascal sera pire demain
Et l’Ombre va saigner, ouverte par sa Lance.