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C’est le vent : tour à tour la brise dont s’émeuvent
Les roses, et le vaste ouragan frénétique ;
C’est l’eau : rivière qui grossit, qui devient fleuve ;
Et l’orgue croule en cataractes de musique.

Oui ! c’est un élément, dont l’humeur toujours change ;
Il a toutes les voix, câlines ou funèbres ;
À Matines il chante et il pleure à Ténèbres ;
Est-ce un chant de la Terre ou sont-ce des chœurs d’Anges ?

Ô mélodie, à peine humaine ! Elle vous frôle
Avec la douceur qu’a la lune qui se lève ;
C’est un baume, c’est une étreinte, c’est un rêve !
On se sent comme au bord de l’eau dormante un saule.

L’orgue est tour à tour rauque et confidentiel ;
Tumultueux, puis doux comme le catéchisme ;
Et, après son orage où se brisait le prisme,
Il s’apaise, et dans l’air déroule un arc-en-ciel !

L’orgue