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Les cierges ont, au loin, des remuements de lèvres
Comme s’ils vous parlaient en rêve…
Oh ! les doigts rafraîchis à l’eau des bénitiers !
C’est le refuge ;
C’est l’asile de l’Arche au milieu du déluge ;
Et voici devers vous que vole la colombe,
La colombe du Saint-Esprit.

Certes la vieille église a le froid d’une tombe
En qui le vieux pécheur qu’on était meurt sans bruit ;
On meurt au monde et on meurt à soi-même ;
On est un Lazare blême ;
Mais Jésus pleure et nous ressuscite soudain !

On renaît à la vie avec une âme neuve ;
On se lève, on est comme au milieu d’un jardin.
Qu’importe le monde ! Qu’importe
Au loin, la ville morte !
Et que sur les vitraux il pleuve,
Et que la nuit descende en ses crêpes de veuve !