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Il s’enfle comme une flamme !
Il s’effare ; il a des bonds
De moribond
Qui veut sortir de son lit.

L’eau du canal s’éraille ;
Le cygne se lève, défaille,
Et même, semble-t-il, son duvet en pâlit.
Le cri maintenant se module ;
C’est moins un cri qu’un hymne extasié,
Le son s’éteint dans le gosier,
Comme si c’était
Son aile à présent qui chantait,
Telle une grande harpe en tulle.

Le cygne chante.
Ah ! cette voix qu’on attendait,
Faible comme une absente
Qui revient mourir au pays.
Qui va mourir ? Quelle âme est en peine ?