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L’azur se déploie ; un oiseau pépie ;
Les canaux étaient las, hélas !
Tous les reflets mouraient dans leur eau noire ;
Ils avaient porté tant de siècles
Et réfléchi tant de couvents,
Leurs pignons lourds, leurs lourdes règles ;
Ils étaient las, si las !
Les voici maintenant comme pleins d’enfants…
Ce sont les nuages de ce dimanche
Qui s’y promènent en falbalas
De robes blanches.

Extase d’un dimanche d’avril à Malines,
Où passeraient dans l’air ému des mousselines.

Tout l’essaim virginal neigea
Aux églises dont la vieillesse rajeunit ;
Colombes du Saint-Esprit dans ces vieux nids ;
Or la grand’messe a commencé déjà :
Nappes d’autel, calme printemps de givre,
Dentelle, qu’on dirait faite en fils de la Vierge,