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Ah ! ces grâces du blanc qui ne durent qu’à peine !

C’est la grâce des fleurs d’avril dans les vergers ;
On dirait un concile, au milieu de la plaine,
De vierges frissonnant sous des tulles légers ;
Le vent joue et chantonne ; il croit que c’est dimanche,
À voir dans les vergers, comme assises en rond,
Toutes ces floraisons d’arbres en robes blanches.

Ah ! ces grâces du blanc qui tôt se faneront !

C’est la grâce de la brume sur un étang
Que le matin avait vêtu de mousseline,
Comme pour une approche aussi un peu divine ;
Éphémère parure, atours inconsistants…
Bientôt la brume cesse ; et l’eau qu’elle a quittée
S’apparaît solitaire et comme dénudée ;
Blanc vêtement qu’était pour elle le brouillard,