Page:Rodenbach - Le Miroir du ciel natal, 1898.djvu/108

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le jet d’eau qui s’impatiente,
Dans sa robe de Communiante,
Croit déjà qu’il en communie…
La Lune aussi cache un visage
— Comme l’Eucharistie ―
Qui lentement se dégage
Avec des lèvres et des yeux.
Le jet d’eau songe que c’est l’heure…
Il s’élance, il avance, il ondule,
Dans ses falbalas de tulle,
Et croit sentir vers lui venir un dieu.

Mais la Lune est là qui demeure
Dans un recul où nulle bouche
Ne la touche,
Hostie inviolée et qui s’isole, au loin,
Visage calme d’un témoin.
Elle n’a pas voulu descendre
Et lui, pauvre jet d’eau, n’a pas assez monté !

Maintenant le soir tombe et il pleut de la cendre.