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Dans les cours des maisons, dans les jardins des cloîtres,
Les jets d’eau montent et retombent en leurs vasques
Et sans cesse se reforment comme une vague ;
Et, dans le soir, on les entend croître ou décroître.

Ô jets d’eau, toute cette innocence qui joue
Avec soi-même, comme un paon blanc sous la lune !
Le jet d’eau a frémi, s’assemble, fait la roue ;
— Tant de jets d’eau, qui se répondent dans la brume !

Doux jets d’eau ! Innocence et froideur ! Ils sont vierges
Et semblent se vêtir de blancheur unanime ;
Chaque élan est comme un nénuphar qui émerge ;
Et c’est, au loin, des reposoirs de mousselines.

Vieilles villes qui en sont moins mélancoliques,
Comme si les jets d’eau pâles filaient du verre
Pour abriter sous une vitre des reliques,
Ou filaient de la toile en linceul de Calvaire.