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souvenirs… J’aime ta voix… Parle. Dis des choses sans suite et que je n’écouterai pas, pour n’entendre plus que ta voix seule… ta voix… ta voix !

JANE.

Mais si tu veux m’aimer, pourquoi restons-nous ici, dans cette ville si désagréable, où il faut se gêner sans cesse, se cacher ? Partons.

HUGHES, d’un air effrayé.

Oh ! ne dis pas cela, ne demande jamais cela ! J’ai besoin d’être ici. J’y suis venu exprès. Il y a des choses auxquelles on ne pense bien que dans Bruges… Je ne pourrais plus vivre ailleurs…

JANE.

On s’habitue…

HUGHES.

Songes-y pour toi-même.

JANE.

Oui ! j’essaie… Mais c’est la solitude qui me pèse