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Qu’imprimaient à leur nom ses faits d’armes nouveaux
Lui tendirent un piège au col de Roncevaux.
Le paladin n’a pris qu’une petite escorte,
La lutte est inégale et cruelle !… N’importe !
Son épée étendit bien des morts à ses pieds,
Et les sons de son cor plaintifs, multipliés,
Courant dans les échos émus de la montagne,
Appelèrent en vain au secours Charlemagne :
Le traître Ganelon arrêta l’empereur ;
Et Roland vers le soir dans ce vallon d’horreur
Tomba sur le flanc nu d’une roche escarpée
Murmurant Hildegonde et baisant son épée !…

La France prit le deuil pour pleurer son trépas ;
Les cloches dans les airs confondirent leurs glas ;
Et tous les troubadours, par les monts et les plaines,
Allèrent soupirer aux pieds des châtelaines
La bataille suprême où succomba Roland
Et son amour brisé par ce trépas sanglant !…

III.

Sur les rives du Rhin, devant les Sept Montagnes
Quelle est cette humble vierge embrassant ses compagnes ?
Pourquoi ces cris d’adieu dans le soleil levant ?
Cette barque apprêtée au bord du flot mouvant ?
Tout n’est-il pas joyeux dans la jeune nature ;
Et toi, n’est-tu pas jeune, ô fraîche créature ?