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Près de l’autel illuminé
Voici qu’arrive le cortège ;
Et sur le front du nouveau-né,
Blanc comme les flocons de neige,

Un prêtre vient mettre le sel
De sa main vieillie et tremblante ;
Puis il épanche l’eau du ciel
Comme la rosée à la plante.

Chacun sent son cœur attendri
Et des larmes à sa paupière ;
Pour le petit être chéri
Chacun fait monter sa prière…

Soudain, comme un oiseau blessé,
L’enfant pousse un murmure étrange…
On s’empresse… il était glacé…
Il était mort, le nouvel ange !…

Venu rose de la maison,
Il alla blême au cimetière ;
Et tous ont oublié son nom,
Hormis la pauvre croix de pierre !…

Hélas ! l’hiver touche au printemps,
Et la mort touche à la naissance ;
La pauvre mère, en peu d’instants,
Va de la joie à la souffrance.