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Fête de Village.

À mon excellent ami E. V.


C’est l’été. Le village est en pleine kermesse :
Dès l’aube, chacun va pour entendre la messe ;
Les garçons villageois ont mis leurs beaux habits ;
Les femmes ont des fleurs en place de rubis,
De coquets bonnets blancs, et de fraîches guipures ;
La prière palpite au bord des lèvres pures ;
Puis quand la messe est dite et les cierges éteints,
La foule disparait le long des murs déteints,
Et le pâle vieillard, les roses jeunes filles
S’en vont, lui, dans la ferme ; elles, sous les charmilles,
Et la fête commence, et l’amour et les chants.

Le soleil qui se mire aux clairs ruisseaux des champs
— Tel qu’un ami qui vient, se sachant nécessaire —
Préside en souriant la fête anniversaire.
À peine un blanc nuage étend-t-il son lambeau,
Comme une aile d’insecte à l’entour d’un flambeau,