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Voyages de vacance aux pays montagneux,
Courses dans les bois verts au bord des étangs bleus,
Ébats retentissants sur la plage ou la dune,
Blancs coquillages pris à l’immense océan,
Pleurs versés quand le soir dans le gouffre béant
Le soleil s’enfonçait et qu’émergeait la lune !

Matins harmonieux de ces jours triomphants
Où tintait la maison de nos chansons d’enfants,
Ruche où nous distillions comme un miel notre joie !…
Tout s’est évanoui ! tout a fui sans retour,
Et le nid qu’a vidé la mort, sombre vautour,
Reste morne aujourd’hui sous le ciel qui flamboie !…

Mais il me reste encor de ce cher souvenir
Que laisse le passé, la foi dans l’avenir
Et l’espérance en Dieu devant lequel tout tombe.
Le doute ne pourra me marquer de son sceau,
Puisqu’ayant eu les mains jointes dans mon berceau,
Je veux les joindre aussi dans le fond de ma tombe.