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S’il vous a fait mourir, c’est un bienfait peut-être.
Qui sait !… il vous cachait les douleurs d’ici-bas ;
Il vous donnait la paix dans cet abri champêtre,
Il couronnait vos fronts dès les premiers combats !…

Ainsi vos pieds n’ont point marché dans nos ruines,
Vos yeux n’ont point senti l’amertume des pleurs,
Et comme Ophélia, sans savoir les épines
Vous nous avez quittés les mains pleines de fleurs ?…

Mais votre souvenir vit toujours dans notre âme
De notre foi douteuse attisant les flambeaux,
Car si parfois nos cœurs à l’autel sont sans flamme,
Ils fondent en prière au bord de vos tombeaux !