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Le Cimetière.

Sancta et salubris est cogitatio pro
defunctis exorare.
Livre des Machabées, II, 12


Tandis que les vivants poursuivent leur folie,
Quittant le tourbillon, moi, rêveur isolé,
Je vais méditer seul près des morts qu’on oublie,
Et promener mes pas dans l’enclos désolé.

Adèle et Louisa, mes sœurs, blanches colombes
Que la mort abattit dans son vol triomphant,
Courbant mon front pensif sur les croix de vos tombes
J’y mets avec des fleurs un rayon réchauffant.

Hier j’ai visité vos deux petites pierres
Qu’ombragent des sapins par le vent agacés :
C’est triste !… on sent des pleurs venir dans ses paupières,
En lisant vos deux noms déjà presque effacés !…