Page:Rodenbach - Le Foyer et les Champs, 1877.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


On fait les foins. L’herbe parfume ;
Les moulins agitent leurs bras ;
La forge est flamboyante et fume,
Soupirail d’enfer plein d’éclats.

Dans le taillis vert d’émeraude,
Où murmure l’écho jaseur,
Un lièvre roux s’avance et rode
Sans s’inquiéter du chasseur…

L’abeille se hâte à la ruche ;
La blonde fille badinant,
Emplit à la source sa cruche
Presque vidée en revenant,

Car elle a trop fait la coquette,
Trop folâtré près des garçons,
Dans les sentiers où l’alouette
Effeuille un bouquet de chansons !

Tout resplendit dans la lumière :
Sur de larges bancs vermoulus,
Près de sa porte, la fermière
Sourit à ses marmots joufflus.

Son mari récolte des gerbes
Dans son petit champ bien planté
Elle, veut des enfants superbes,
C’est sa moisson de chaque été.