Page:Rodenbach - Le Carillonneur, Charpentier, 1897.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XI


Au-dessus de la vie ! Borluut retrouva l’ancienne sensation en montant au beffroi ce jour-là, à l’heure du carillon. Il venait encore d’avoir à subir de nouvelles scènes avec Barbe, pour des vétilles, un emportement brusque, un branle-bas instantané de tous ses nerfs où le visage entier se décomposait. Seule la bouche trop rouge surnageait, plus rouge dans cette colère blanche. Et il en sortait des mots durs, pressés, absurdes, mais qui l’assaillaient comme des cailloux. Chaque fois Borluut demeurait terrifié, le cœur en suspens, devant ce déchaînement qui pouvait d’une minute à l’autre, il le sentait, aboutir au pire… Et il sortait de ces alertes, désemparé, même physiquement las, comme s’il avait lutté contre un élément, contre le vent dans l’obscurité.

Maintenant, en montant dans la tour, puisque c’était son jour réglementaire de carillon, il lui sembla s’éloigner à mesure de ses peines, quitter sa vie. Les événements de la matinée furent tout de