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les des fines poussières. Et c’était passionnant pour lui comme des recherches de laboratoire.

Joie d’une idée fixe ! Contentement d’une vie qu’un idéal quelconque absorbe ! Doux piège où descend l’Infini, comme le soleil dans le morceau de miroir que tient la main d’un enfant…

Paix et silence de la demeure qu’un rêve unique emplit ! Van Hulle était heureux, surtout depuis le départ de Barbe, dont les humeurs et les querelles troublaient et déchiraient de cris aigres cette solitude où l’on n’entendait que le cœur régulier des horloges.

Le cœur de Godelieve aussi ; mais il était si calme ! Et si à l’unisson, songeait Van Hulle, avec le sien ! C’est même ce qui l’avait inconsciemment conduit à rêver l’accord des horloges. N’est-ce pas réalisable pour des rouages mécaniques et la vie passive des choses, puisqu’il avait accompli, avec Godelieve, l’accord plus compliqué et mystérieux de deux êtres ?

Même leurs occupations semblaient parallèles. Tandis que lui maniait les fils mystérieux de l’heure, tous les fils d’or intérieurs des horloges, Godelieve, casanière de plus en plus, combinait les fils blancs, non moins ténus et enchevêtrés, de son carreau de dentellière.

Il s’agissait aussi de les unifier, de ramener les fils innombrables à un ensemble strict : le voile de dentelle que, très pieuse maintenant, elle promit à