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Van Hulle, après le mariage de Barbe, avait cessé d’être antiquaire. Il se débarrassa de ses meubles anciens, de ses vieux bibelots, gardant les plus précieux pour lui-même et sa demeure. Il estimait qu’il avait des rentes suffisantes pour s’éviter le dérangement des amateurs, des étrangers de passage, qui entraient chez lui, regardaient, maniaient quelques objets avec ce plaisir du bout des doigts, cette petite volupté des mains de collectionneurs qui sont des tactiles — et, le plus souvent, sortaient sans rien acheter. Quant à lui, il vieillissait et voulait être tranquille, tout au plus recevoir encore, le lundi soir, Borluut, Bartholomeus et les autres, par une ancienne habitude, car il ne s’intéressait plus à la Cause flamande qu’il jugeait dénaturée et en proie aux politiciens.

Et puis, en secret, il s’était surtout décidé à la retraite pour appartenir tout à son idée fixe, à sa collection qui s’augmentait, se compliquait. Ce