Le mariage était annoncé et prochain.
Joris venait fréquemment dans la demeure de l’antiquaire. Barbe était transfigurée par la joie.
Elle allait enfin changer de vie, être heureuse. Parfois, ils sortaient à deux. Joris la mena au Musée, revoir le grand triptyque de Memling, où est représentée sainte Barbe, sa patronne, parce que dans la main elle tenait une tour. N’était-ce pas l’allégorie d’eux-mêmes ? Souvent il y avait pensé, au commencement de leur amour. La tour, c’était lui, puisqu’il y vivait, puisqu’il en était la musique, c’est-à-dire la présence et la conscience. Tout cela Barbe allait le porter, l’assumer dans sa fine main, comme la sainte Barbe du triptyque soutient dans sa paume un petit clocher en or qui se fie à elle et se briserait si le caprice lui venait de changer son geste.
Joris s’extasia devant le tableau du vieux maître. Il regarda Barbe avec tendresse : « Ma tour est dans ta main, et mon cœur est dans la tour. »
Barbe souriait. Joris lui montra, sur les volets, les donateurs : ce vieux Guillaume Moreel, bourgmestre de Bruges, et son épouse devant Dieu, Barbe de Vlaenderberch, avec tous leurs enfants aux têtes inégales, les cinq fils et les onze filles, rangés, étagés, juxtaposés comme les tuiles sur un toit. Maison du Bonheur, faite avec des visages !
Exemple édifiant des anciennes familles en Flandre !
Borluut devint songeur, se rêva une lignée pa-