Page:Rodenbach - Le Carillonneur, Charpentier, 1897.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE CARILLONNEUR

PREMIÈRE PARTIE

LE RÊVE

I


La Grande Place de Bruges, ordinairement déserte, traversée par de rares passants, des enfants pauvres à la dérive, un peu de prêtres ou de béguines, s’imagea soudain de groupes indécis, d’îlots noirs tachant l’étendue grise. Des rassemblements se formaient.

On avait fixé pour le premier lundi d’octobre, à quatre heures, le concours de carillonneurs. La fonction de carillonneur de la ville se trouvait vacante par le décès du vieux Bavon De Vos, qui l’occupa avec honneur durant vingt années. Il y avait lieu d’y pourvoir aujourd’hui, selon la coutume, par un concours public, où le peuple serait, pour