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IX


Tout à coup, la ville se pavoisa. Des télégrammes étaient arrivés de la capitale, annonçant que la Chambre venait d’adopter enfin le projet de Bruges-Port-de-Mer. Plus d’espoir, plus d’atermoiements possibles. Les millions nécessaires étaient votés. L’œuvre de destruction pouvait commencer.

Aussitôt une allégresse courut par les rues, un air de fête et de dimanche, une joie propagée de la foule, inconsciemment heureuse que le règne de la Beauté allait finir.

Il fallait se réjouir publiquement, remercier le pouvoir par une démonstration imposante. Une affiche signée du bourgmestre et des échevins fut aussitôt placardée, conviant pour le soir toutes les sociétés de la ville à former un vaste cortège avec musiques et flambeaux, en même temps que la population était priée de sortir ses drapeaux et ses lampions.