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II


Dans ce temps-là, Joris fut sollicité par l’Action. Jusqu’ici, il s’était tenu éloigné de la vie publique, qui ne l’intéressait pas. C’était une politique locale, médiocre, qui s’en tenait aux lieux communs, à une division factice et ancienne des habitants en deux camps hostiles, se disputant les influences et les emplois. Même les récentes poussées socialistes ne le passionnèrent pas, car c’était à brève échéance le recommencement de la vaine querelle catholique et libérale, le ralliement des anciens partis qui n’auraient fait que changer de nom. Dès le Moyen Âge, il y avait eu, en Flandre, cette lutte entre l’esprit religieux et l’esprit laïc, leurs conflits pour la prépondérance par le dogme ou par la liberté ; et leur antagonisme s’était symbolisé dans l’air même par le Clocher et le Beffroi, la tour religieuse et la tour civile ; celle où se conservait le Mystère dans l’hostie consacrée, celle où se gardaient les chartes et privilèges en un coffre bardé de fer — toutes deux