gnait une inscription de reproche : « Je suis l’Immaculée ! » Et la banderole était ondulante comme le glaive de feu de l’archange, au seuil du Paradis fermé !
Godelieve fuyait, consciente de sa chasteté perdue, aussi affligée et effrayée par les statues de reproche que par celles de mauvais présage. Qu’est-ce que le ciel allait décider d’elle ? Ainsi, durant des jours, elle alla consulter les Madones, celles des carrefours, des églises, des pignons, suspendant sa vie à ces hasards.
Elle multiplia les prières, les cires propitiatoires, fit vœu de se rendre à la prochaine procession des Pénitents de Furnes, entama une neuvaine, alla vite se confesser, car Dieu ne voit pas ceux qui sont obscurs à cause d’un trop noir péché. Dans ce temps-là ce fut l’octave du Saint-Sang, la procession de mai où on conduit en grande pompe par la ville, parmi les chœurs blancs des communiantes, les roses effeuillées, les bannières d’or, les moines de tous les Ordres, une goutte unique du Sang de Jésus-Christ, rapportée par les Croisades. Godelieve, toute la semaine, s’exténua de jeûnes, de douleurs, de pénitence, de prières. Le dimanche, dans le grand soleil des rues, quand parut la petite châsse comme un arbuste de pierreries, Godelieve fut prise d’un immense tremblement, d’une immense espérance. Le Saint-Sang avait passé. Elle sentit la blessure de son sexe se rouvrir…
Depuis lors, tout fut changé entre Joris et elle. Dieu