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funéraires que chaque nouveau membre signait, en allouant des sommes pour sa messe mortuaire, et autres minimes emplois de fonds après décès ; les bijoux donnés par le duc de Glocester et les souverains qui en firent partie, c’est-à-dire des coupes d’honneur, un oiseau et un sceptre en argent ciselé, qui constituent les insignes du roi du tir et du Chef-Homme. Dans la salle d’honneur, s’alignent les portraits de tous ceux qui furent l’un ou l’autre, et tiennent dans la main, peintes, les séculaires argenteries qu’on montre encore dans les écrins. Ces portraits éternisent les plus grands noms de la Flandre, car le Chef-Homme était choisi entre les premiers par la naissance ou l’éclat des services. Breydel, le rude communier, fut Chef-Homme de la Gilde de Saint-Sébastien ; et aussi ce Jan Adornes, chevalier des Croisades, donateur de l’église de Jérusalem dans laquelle vit son image de pierre, par-dessus le sépulcre où il repose. À cause de tant de grands souvenirs, cette fonction constitue une des magistratures honorifiques les plus enviées de la ville. Elle fut offerte spontanément à Borluut que son nom d’abord autorisait — car il appartenait lui-même à l’antique armorial flamand (un de ses ancêtres fut le héros de la bataille de Gavre) — mais que surtout ses glorieux travaux et la résurrection de la Gruuthuus désignaient aux suffrages. Élu, il reçut l’investiture selon les rites ; au banquet inaugural figura, comme il le fallait, le traditionnel plat de