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N’importe ! la mer désormais s’arrêtait et n’irait pas plus loin. La mer est variable. Elle aime des villes, et puis les quitte, va en baiser d’autres, du côté opposé de l’horizon… Elle est ainsi. Il faut s’en arranger et se résigner. Va-t-on courir après la mer ? Croit-on l’apprivoiser, la ramener ou l’amender comme une amante trop fantasque ?

Borluut sentit mieux sur place l’obscur événement de la ruine de Bruges. Ah ! que ce projet de Bruges-Port-de-Mer lui apparaissait absurde, aujourd’hui, devant le Zwyn, à voir ce que le Passé fut ici, à reconstituer l’ancien drame de la mer. C’est Farazyn sans doute qui, par une voie d’eau artificielle, corrigerait les prodigieux caprices d’un élément, sa volonté sous-marine, sa passion échevelée ?

Quant à Borluut, sa conviction était faite : il avait, ce jour-là, compris l’Histoire, vécu l’Histoire.