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Mais les voluptueux rêveurs qui les ont faites
Auront songé sans doute à la danse des morts
Qui mènent leurs sabbats pendant les nuits muettes ;

Ou bien leur âme aura noté ces doux accords
Pour les nymphes qui vont dans l’herbe en fleur des plaines
Aux bras nus des sylvains confier leurs beaux corps ;

Ou plutôt ils ont fait ces valses toutes pleines
De baisers, de bruits d’aile et d’amoureux sanglots
Où des fleurs de musique unissent leurs haleines,

Pour qu’en les entendant le soir au bord des flots
Les vierges de seize ans qu’on n’a pas fiancées
Comprennent tout à coup que leur rêve est éclos,

Et que ce rythme doux fait valser leurs pensées !…