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SOIRS DE PROVINCE.


Les chemins s’emplissaient de vagues mousselines,
Les arbres n’étaient plus qu’un rêve aérien ;
On voyait tout se fondre, on n’entendait plus rien
Que des bruits de musique arrivant des collines,

De musique très lente et d’un rythme affligeant,
Comme si l’on chantait des absoutes de vierges
Où tout, le catafalque et la cire des cierges,
Serait d’un blanc de neige avec des pleurs d’argent.

Et cette impression funèbre était si forte
Dans le vent automnal et dans l’air indistinct
Qu’à voir la Lune pâle et son regard éteint,
Ô mon Âme, j’ai cru que la Lune était morte !