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PREMIER AMOUR


Car les talus piqués de bleus myosotis
Au pied de chaque saule,
Les talus sont parfois si petits, si petits
Qu’en marchant on se frôle.

Quel trouble de sentir le frisson, contre soi,
Le frisson d’une robe
Et de voir un pied fin qui, comme avec émoi,
Se montre et se dérobe.

Oh ! l’heure inoubliable où le long des chemins
Sans presque rien nous dire,
Rien qu’à nous regarder, qu’à nous chercher les mains
Et rien qu’à nous sourire,

Nous avons tous les deux, sans aveu ni serment,
Subi la même envie
Et, dans le soir qui meurt, rêvé naïvement
Que c’était pour la vie !