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LA LOÏE FULLER

Les gazes ont jailli par chutes graduées ;
Telle une cataracte aux liquides nuées !
Or, dans ces tourbillons, son corps s’est tenu coi :
Tour qui brûle, hissant des drapeaux d’incendie ;
Cep d’une vigne aux clairs tissus en espalier.

Un repos.
Un repos. De nouveau, voici qu’elle irradie !
Une chimie en fièvre a su multiplier
Ces jaunes en halos, ces affluents de rouge,
Que c’est presque un vitrail en fusion qui bouge,
Presque une éruption qui pavoise la nuit.
Or, comme le volcan contient toutes ses laves,
Il semble que ce soit d’elle qu’elle ait déduit
Ces rivières de feu qui la suivent, esclaves,
Onduleuses, sur elle, en forme de serpents…
Arbre du Paradis où nos désirs rampants
S’enlacent en serpents de couleurs qu’elle tresse !

Un repos.
Un repos. La voilà, prodige d’irréel,
Qui, pour se rassurer en émergeant du gouffre,
Toute s’est habillée avec de l’arc-en-ciel.
Seuls ses cheveux, un peu d’orage encor les soufre…