Page:Rodenbach - La Belgique, 1880.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Et quand, parmi le peuple ému qui s’écartait,
Défilèrent au pas les enfants des écoles,
On eût dit que c’étaient leurs parents qu’on fêtait,
Tant le bonheur au front leur mettait d’auréoles !

Aujourd’hui l’héritier d’un empereur puissant,
Sous notre arbre royal que chacun nous envie,
Cueille la fleur d’amour « la Rose de Brabant, »
Pour orner sa couronne et parfumer sa vie.

Voilà pourquoi l’Histoire, avec son fier burin,
Gravera leurs deux noms pour qu’on se les rappelle,
Comme elle a buriné dans son livre d’airain
Près du grand nom d’Albert le doux nom d’Isabelle !…

Et maintenant, tous trois, invoquons le Seigneur
Pour que sa main s’étende en paix sur la patrie,
Car c’est lui qui dispense aux hommes le bonheur
Et qui fait que la terre est aride ou fleurie.

Veillons sur les vivants, nous qui sommes les morts,
Et crions-leur parfois comme des sentinelles,
— Pour épargner plus tard à leurs cœurs des remords —
Que Dieu pleure en voyant les haines criminelles.