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Le Belge est fier et libre et peut se montrer tel :
Son pays est un temple, ayant le ciel pour voûte,
Où chacun, construisant à sa guise un autel,
S’agenouille s’il croit, reste debout s’il doute.

La parole à son gré peut diriger son vol
Sans jamais qu’on l’entrave ou sans qu’on s’en effraie,
Et tous peuvent jeter leur graine sur le sol,
Où la moisson croîtra malgré la folle ivraie.

Des écoles partout se fondent à la fois,
Ces serres où fleurit la jeunesse robuste,
Et chacun peut, tranquille et libre dans son choix,
Y placer son enfant comme un fragile arbuste.

La Presse est libre aussi, cette hydre aux flancs féconds,
Sans que cet autre Hercule effrayant, la Censure,
Ose, dans la bataille où nous la provoquons,
Lui couper une tête en bravant sa morsure.

Tous enfin sont égaux sous l’abri de leur loi :
— C’est par l’égalité que le progrès commence —
Et dans leur vieux domaine ils ont pour père un roi
Qui protège et défend cette famille immense.