Page:Rodenbach - La Belgique, 1880.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.


VAN ARTEVELDE


 

Elle s’est ranimée avec moi pour souffrir.
Pauvre Flandre ! elle était comme une poitrinaire
Pâle, les yeux éteints, ne voulant pas mourir,
Et s’abusant toujours d’un rêve imaginaire.

Elle avait eu déjà de vaillants défenseurs :
Breydel et de Coninck, embrassant sa querelle,
Avaient voulu chasser les lâches oppresseurs
Qui pour guetter son râle étaient penchés sur elle !…

J’ai pris cette malade, ému de ses pâleurs,
Je l’ai montrée au peuple énergique et farouche,
Et le peuple en un jour brisa les Lis en fleurs
Sous lesquels les Leliaerts l’étouffaient dans sa couche.

Flandre ! tu te levas, forte et libre au soleil,
Et des larmes de joie emplirent ta paupière,
Tandis qu’autour de toi, pour garder ton réveil,
Se dressaient les beffrois, sentinelles de pierre.