Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.

voir s’éterniser autour de soi. On connaissait dans le pays des obsessions de ce genre qui avaient tourmenté les villages. Entre autres un revenant, qu’on voyait chaque nuit entre deux champs, portant une lourde pierre et implorant sans cesse : « Où dois-je la mettre ? Où dois-je la mettre ? » Cela dura des années. Un ivrogne, passant, répondit au hasard : « Mets-la où tu l’as prise ! » Le revenant laissa choir la pierre qui tomba à l’endroit où elle fut primitivement, borne séparant sa terre de celle du voisin, qu’il avait déplacée à son profit et par fraude. Ainsi son âme fut délivrée.

On citait encore d’autres revenants dans les veillées, celui surtout qui, ayant tué une jeune fille