Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment éternel l’arbre de l’amour et des rendez-vous où, à jamais, son cadavre s’interposerait entre les amants heureux. C’est dans cette crainte que Neele désormais s’abstenait. Joos l’attendait parfois des heures, au crépuscule, tandis que la campagne se colorait d’ambre et de violettes. Les moulins s’assagissaient. Les nuages versatiles s’arrêtaient, à l’ancre dans le canal. Joos allait et venait dans l’ombre du grand chêne comme dans un préau. Il était prisonnier de cette ombre. Il attendait Neele, déjà très en retard et qui, cette fois encore, ne viendrait pas sans doute. Et comme ceux habitués à vivre trop seuls, il parlait tout haut en d’étranges monologues.

« Elle n’arrivera plus. C’est un