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— Ce sont les étrangers ! dit-il ; ceux qui sont venus ici pour établir le chemin de fer…

C’étaient eux, en effet. Une minute après, ils défilèrent en bande devant le banc où Joos et Neele continuaient à se tenir enlacés. Tous étaient ivres et accablèrent les ingénus amants de mots crus, de rires épais, de quolibets, de hoquets avinés, de gestes obscènes, tout un hourvari dont Joos trembla pour Neele. Lui-même s’en sentit comme souillé, découronné de la couronne bleue et grise dont ce soir inoubliable avait ceint leurs deux fronts en même temps.

Il murmura, avec rancune : « Ces maudits étrangers ! »

Neele se leva pour l’adieu. Et tous deux eurent la sensation, à