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d’une vierge quand elle les réunit en natte. Ils s’étaient tus longuement, trouvant au silence le même charme qu’aux paroles. Puis ils parlèrent de nouveau, à voix basse, pour ne pas effaroucher les idées frêles et douces qui naissaient entre eux. L’heure avait fui… Neele voulait partir.

Joos suppliait :

— Reste ! Encore un peu. Ne pars pas avant que la campagne soit toute noire, avant que tes yeux soient tout à fait noirs.

Il la ressaisit, renversa sa tête : « Il fait encore clair dans tes yeux. J’y vois l’arbre qui s’y mire tout entier, la cime en bas, comme dans une eau. J’y vois du paysage, les fermes lointaines, le moulin que tu regardes. Et je me vois, moi