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plus vêtue comme les nôtres… Elle est vraiment la femme de l’étranger. »

Neele pleurait, grelottante dans sa toilette dont les ornements clairs étaient tombés, sa toilette déjà comme celle des autres pays, sa toilette sombre. Elle semblait en deuil d’elle-même, en deuil de l’île…

Le pasteur Tyteca, que ces révélations avaient bouleversé, ne cessait pas de s’exalter, de vaticiner le pire avenir… « Nous devrions, nous aussi, arracher nos habits, nous couvrir de deuil et de cendre. Le malheur est parmi nous. Les étrangers nous ont perdus. Ils nous ont apporté tout le mal : l’ivrognerie, la haine, la luxure — et aussi le suicide qui était