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Barbara Lam entra… Si blême, qu’elle semblait une morte. Ses vieux cheveux gris s’étaient défaits. On aurait dit que, démente, elle s’était couvert la tête et le visage de toiles d’araignées. D’un trait, elle bondit vers Neele qui, seule au comptoir, ne savait pas encore. On s’interposa, car ses mains se tendaient comme des griffes. Elle cria : « Joos est mort ! Mon Joos est mort. C’est la faute de Neele. Ah ! la coquine. Mon Joos est mort. »

Un silence immense avait, d’un coup, régné. Tous se découvrirent devant cette douleur, auguste comme la mort. Les hommes restaient debout, tête nue, rangés. Les femmes avaient agenouillé les cloches de leur robe et elles prièrent.