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béant dans la verdure, cette fosse creusée. Et d’autres fosses s’ouvriraient. La mort était dans l’arbre et dormait avec l’amour. Arbre éternel ! Arbre des premiers jours humains ! Arbre des derniers soirs, sur la planète refroidie ! Arbre unique du Bien et du Mal, où l’homme n’a le choix que de la femme ou du serpent, de l’amour ou de la mort. Tentation monotone, scène unique de la Genèse, après quoi c’est toujours la fuite hors du Paradis et la recherche d’une terre privilégiée où on dormira du sommeil sans réveil.

Joos subissait le funèbre enivrement qu’on goûte à considérer la mort, non plus comme une idée abstraite ou lointaine, mais comme un fait immédiat. L’homme roux