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— Et l’étranger ?

— Quel étranger ?

— Celui qui t’a fait pâlir, pour la vie duquel tu as tremblé le jour de la kermesse. J’ai bien vu, Neele. J’ai compris. Je ne suis ni aveugle ni sot. Et puis je me suis renseigné.

— Alors tu sais tout. Eh bien ! tant mieux. J’en ai assez des cachotteries et de toujours mentir.

Neele crut que Joos avait appris le cruel secret qui l’emplissait de honte et de douleur. Elle espéra mériter du moins la pitié par sa franchise. Et perdant la tête tout à fait : « D’ailleurs, je le jure sur ma vie, je n’ai jamais aimé que toi. L’autre m’a eue, je ne sais comment, à force de me circonvenir, de me vouloir. Je ne sais vraiment